La réforme 100 % santé, 1 an après, quels sont les résultats ?

La réforme 100 % santé est la réponse aux Français qui, faute de moyens financiers, se privent de certains soins de santé. Plusieurs postes sont visés : l’optique, le dentaire et l’audiologie. Depuis son lancement en 2019 et son application effective en 2021, un bilan d’étape s’impose pour évaluer la portée de la mesure. Où en est-on ? Les avancées sont-elles à la hauteur des promesses ?

De quoi parle-t-on ?

30 %, c’est l’estimation de la proportion de la population française en difficulté dans la prise en charge de certains actes médicaux. C’est ce constat qui a mené à l’adoption du 100 % santé, qui vise à fournir aux Français, des soins entièrement remboursés par la Sécurité sociale et la complémentaire santé. L’objectif recherché est le suivant : renforcer l’accessibilité des équipements et des soins en rapport avec l’optique, les aides auditives et le dentaire.

Depuis le 1er janvier 2021, l’offre touche tous ceux qui sont couverts par une complémentaire santé solidaire ou une complémentaire responsable. Dans les faits, cela signifie qu’en optant pour un traitement ou un produit appartenant à cette famille de soins, les assurés n’ont à s’acquitter d’aucun reste à charge. Le projet est par ailleurs dénommé la réforme du Reste à Charge Zéro, abrégée en RAC0. Avec ce dispositif, le gouvernement compte non seulement alléger les frais liés aux soins optiques, dentaires et auditifs, mais souhaite aussi maintenir la qualité des équipements proposés.

Comment a évolué le RAC0 depuis son déploiement ?

Après des débuts quelque peu balbutiants, le 100% santé est pleinement entré dans sa phase d’application en 2021. Ce virage est notamment marqué par l’irruption du volet audiologie dans les soins pris en charge à 100 %. À date, quels sont les enseignements à tirer du RAC0 ?

  • Les soins dentaires : des débuts prometteurs
    Pour faire un état des lieux, plusieurs organismes, dont le réseau de soins Santéclair et la direction de la Sécurité sociale (DSS), ont mené des études pour recueillir des données sur le RAC0. Il en ressort que le public a été plutôt séduit par l’offre du gouvernement. Un engouement qui se traduit dans les chiffres qui révèlent qu’en 2020, environ 50 % des prothèses dentaires figuraient dans le panier de soins 100% santé.

La patientèle concernée a donc bénéficié de traitements intégralement couverts par les mutuelles et l’Assurance maladie. Pour donner une idée précise de l’intérêt porté au projet, il faut retenir que, rien qu’en janvier 2020, le nombre de devis dentaires a fait un bond de 40 %. À la lecture de ces données, on peut logiquement conclure que les soins dentaires avec RAC0 connaissent un véritable succès d’estime.

Des résultats prometteurs pour les soins auditifs

Depuis sa mise sur les rails en janvier 2021, le volet Audition du projet RAC0 a suscité un intérêt évident. La mesure a été favorablement accueillie, un effet qui se traduit par l’augmentation des ventes des appareils auditifs. Les chiffres du réseau de soins Santéclair font état de près de 5000 ventes, ce qui représente une hausse de 40 % par rapport à janvier 2020.Ces données indiquent que de plus en plus de Français n’hésitent pas à consulter un audioprothésiste pour commander des prothèses auditives et améliorer leur quotidien. En guise d’aide auditive, la patientèle a le choix entre des écouteurs déportés, des contours d’oreille, des dispositifs intra-auriculaires et bien d’autres équipements. Que l’on se situe à l’intérieur ou à l’extérieur du réseau de soins, l’intérêt porté au 100 % audition est manifeste : 34 % d’audioprothèses vendues au sein du réseau et 51 % en dehors du réseau.

  • Les soins optiques : des débuts timides
    Dans la famille de soins concernés par le RAC0, le volet optique reste celui qui semble avoir eu le moins d’impact. Les chiffres semblent par ailleurs aller dans ce sens. On a enregistré près de 13 % de ventes de montures correspondant au panier des soins optiques sans reste à charge, alors que les verres ne représentent que 14 % des acquisitions. Les débuts restent donc mitigés, en dépit de la diversité des équipements remboursés :
  • Verres adaptés aux différents troubles de la vue ;
    Plusieurs modèles de montures disponibles en 2 coloris pour enfants (10 modèles) et adultes (jusqu’à 17 modèles).
    Ce démarrage poussif peut s’expliquer par une communication insuffisante sur le sujet ou un manque d’implication de la part des praticiens. Cette dernière affirmation est à nuancer, puisque les opticiens sont tenus de faire mention dans leurs devis d’une paire de lunettes remboursée à 100 %. Mais en s’intéressant de plus près au domaine de l’optique, on constate qu’en règle générale, la patientèle des opticiens avait déjà accès à des équipements remboursés, ce qui lui laissait un reste à charge réduit. La nouvelle mesure n’a donc pas bouleversé les habitudes comme on aurait pu l’escompter.